In the Canton of Vaud, where the Swiss Reformed Church has not yet officially authorised same-sex blessings, it was still possible for a couple to bring in a cleric from outside to bless their civil union.
From Swissdox.ch:
© Le Matin Dimanche; 07.10.2007; page 9
1_Suisse
Les couples homosexuels bénis malgré l’Eglise
Ivan Radja
ivan. radja@edipresse. ch
Tout se passe comme si, dans l’euphorie d’avoir accepté le partenariat enregistré au niveau
fédéral en 2005, et donc «réglé» la question des unions entre personnes du même sexe, la
Suisse, certes tenue à la séparation de l’Eglise et de l’Etat, avait négligé l’aspect spirituel.
En effet, si, sur le plan national, l’Eglise réformée autorise la bénédiction, si
l’accompagnement liturgique est accepté dans les églises protestantes des cantons
alémaniques, les résistances sont encore fortes dans les cantons de Genève, Neuchâtel et Vaud
(voir encadré).
Le 21 septembre dernier, à l’état civil de Vevey, Chantal Benay et Yvette Roth ont conclu un
partenariat. Le lendemain, au Château d’Oron (VD), elles témoignaient de leur union devant
Dieu, lors d’une cérémonie religieuse ponctuée d’une bénédiction. «Il ne s’agit pas des
sacrements du mariage, juste d’une bénédiction à laquelle, croyantes, nous tenions», insistentelles.
Pasteurs d’accord, hiérarchie rétive
Pourquoi le Château d’Oron? «Parce que depuis le mois de mars, nous n’avons pas trouvé une
seule église, constate avec amertume Yvette Roth; les pasteurs étaient d’accord sur le
principe, mais, tenus d’informer leur hiérarchie, ils se heurtaient à l’interdiction du Conseil
synodal de l’Eglise réformée vaudoise. »
Au passage en force, elles ont préféré trouver une autre solution, et témoigner de cette
injustice dans les médias. Chantal Benay: «Il aurait été facile de réserver une église pour une
fête privée, sous n’importe quel prétexte, une pièce de théâtre, un concert, et monter notre
cérémonie religieuse en cachette, mais cela aurait signifié entrer dans le jeu de la
clandestinité, et d’une certaine façon accepter la position de l’Eglise réformée. »
Le pasteur, Claude Monin, n’a pas hésité à braver l’interdit, comme avant lui sa collègue
Evelyne Roland, pasteure à Oron, qui a essuyé les remontrances du Conseil synodal vaudois
pour avoir béni deux couples du même sexe fin août.
Claude Monin, 79 ans, retraité, est venu exprès du canton de Neuchâtel. D’une part, parce
qu’il connaît Yvette Roth depuis qu’il l’a eue comme catéchumène; d’autre part «parce que je
ne vois pas pourquoi je refuserais une bénédiction à deux êtres qui s’unissent sous prétexte
qu’ils sont du même sexe», argumente-t-il. «Concernant les cérémonies religieuses, je me suis
heurté à des refus de la part des églises réformées vaudoise, dans le Lavaux, ou neuchâteloise,
pour une célébration à La Brévine; cependant, je crois qu’il faut parfois être courageusement
pécheur. »
La déception éprouvée par les homosexuels croyants est réelle. «Les fins de non-recevoir
m’ont attristée», reconnaît Yvette Roth. Sa compagne, Chantal Benay, est plus en colère: «Le
sentiment de rejet et d’injustice est fort. » Le manque de logique laisse Claude Monin songeur
et le pousse à une forme d’ironie amère: «Comme l’a démontré le cas de François Silvant,
faut-il qu’un homosexuel soit mort pour avoir les honneurs de la cathédrale de Lausanne?»
Membre du Conseil synodal vaudois, le pasteur Antoine Reymond rappelle que l’Eglise
réformée «se penche sur la question». Depuis 2004… «Nous avons consulté tous les Conseils
de paroisse et rédigé un rapport, que nous soumettrons au synode en 2008. » Le temps de
prendre connaissance des travaux de l’Eglise réformée neuchâteloise sur l’accompagnement
liturgique de ces unions, qui sera débattu en décembre. Antoine Reymond: «Ce qui est
important dans cette consultation, c’est qu’elle a permis à nombre de paroissiens de rencontrer
des homosexuels croyants, et non pas seulement de parler d’eux en leur absence. »
«(Homo) sexualité, corps et esprit»: une table ronde et trois films, avec des représentants des
confessions catholique, musulmane, protestante et juive, au Zinéma, à Lausanne, mardi 9
octobre dès 18 h.
«C’est comme si nous n’existions pas»
Jean-Paul Guisan, en tant que secrétaire romand de Pink Cross et fondateur de Chrétiens et
Homosexuels, comment réagissez-vous à cet ostracisme?
Maintenant que le lien entre couples homosexuels est reconnu part la loi et l’état civil, c’est
étrange que certaines églises protestantes ne suivent pas. C’est comme si nous n’existions pas.
«Certaines» églises?
Surtout l’Eglise protestante genevoise, qui y est opposée. Dans les églises réformées vaudoise
et neuchâteloise, il y a au moins un débat. Dans les cantons de Fribourg et Berne, la
bénédiction est admise. Au niveau national, la Fédération des Eglises protestantes s’est
prononcée en faveur du partenariat enregistré, contrairement à l’Eglise catholique, et a admis
la bénédiction.
Pourquoi ce retard romand?
Il subsiste ici une plus grande méconnaissance de l’homosexualité, c’est pourquoi il est
important que les gens, surtout ceux qui font partie de conseils paroissiaux ou de synodes,
nous voient. Beaucoup d’homos sont croyants et impliqués dans l’Eglise. Mais l’image des
«folles» de la Gay Pride prédomine encore.